C'est un beau roman, c'est une belle histoire...
C'est un beau roman, c'est une belle histoire...
Août 2024. C’est après quelques jours au festival de jeux de rôles RPGers que je décide de passer une journée à visiter le village de Lectoure, à une soixantaine de kilomètres de là.
Je découvre, dans le village des antiquaires, une boutique tenue par une dame extrêmement sympathique, au fort accent britannique.
Je fais un tour dans les allées, lorsque mon regard accroche un jeu en bois… Des cubes ornés de signes étranges sont rangées dans une boite en hêtre brun-clair, ouverte sur une règle du jeu aux caractères gris…
Flash…
Je suis pris…
Je referme la boîte et lis le nom du jeu ; Possibol.
Ma trouvaille sous le bras, en deux enjambées je rejoins la patronne et lui pose une question pleine d’humour, en forçant mon accent français.
— Itiz « Possibol » tou no ze praïce of vis « Possibol » ?
Amusée, elle me lance :
— Faites-moi une offre !
Décontenancé, je ne sais que répondre… Devant mon air embarrassé, elle annonce :
— Cinq euros, ça va ?
Bien sûr que ça va… J’adore les jeux en bois, et surtout, ce que je ne comprends pas. Certain d’avoir fait une excellente affaire, je ressors du village et m’installe sur une table au milieu d’un espace vert.
Je n’aurais jamais dû acheter ce jeu. Depuis lors, il me rend fou…
Les règles ont l’air simples… Il y a deux grilles d’exemple, une autre écrite à la main par un ancien propriétaire, mais pour cette première, je veux la mienne ! Je mélange les cubes, et prends une feuille vierge.
Mon crayon griffe le papier avec application, comme l’écolier novice que je deviens. J’insère la grille dans le logement à la base de la boite. Quarante cases couvertes de signes étranges ont pris place sous un grillage de bois ancien.
À côté de moi, mon téléphone avec l’appli « chrono » en attente.
Top !
Les premiers cubes s’engagent très vite dans leurs logements. J’enchaîne…
« Finalement, ce n’est qu’un puzzle un peu compliqué, un jeu pour enfants », me dis-je.
Le chrono affiche sept petites minutes et plus des deux tiers des cubes sont posés.
« Quinze minutes, « temps records », qu’ils disent… à ma première partie, je vais les ridiculiser ! Dix minutes ce sera largement suffisant ! ».
Il reste sur la table de bois quatre ou cinq dés sur les quarante à placer… La partie est presque finie.
Grossière erreur !
Surprise ! Aucun des signes restants sur la feuille ne se trouve sur les derniers dés. Comment cela se fait-il ?
Je comprends en relisant le petit encart sur la règle ; « Les 40 cubes sont imprimés de différents symboles répartis plusieurs fois sur les 240 faces. Tous les cubes sont différents les uns des autres. ».
Voilà où ça coince. Les derniers cubes ne sont pas les bons. Il y a certes, plusieurs fois le même signe, mais un seul dé correspond à la formule retranscrite.
Il faut chercher parmi ceux déjà posés.
Commence alors un jeu minutieux de permutations savantes…
Il faut du temps pour trouver le bon cube. Les enchaînements se succèdent. Chaque substitution ouvre un nouveau chemin de mémoire, une route labyrinthique qui se démultiplie. Un cul de sac ! Un autre !
Retour en arrière, mais jusqu’à quel croisement ? Quelle hypothèse ai-je négligée ou ratée ?
Victoire ! Un nouveau posé à la bonne place !
Patient, le chrono comptabilise les minutes qui s’empilent pour former bientôt l’Himalaya de ma défaite…
27 minutes...
Humilité rageuse. Incompréhension ravie.